Revue de détail du triptyque CV – lettre de motivation – entretien d’embauche, en recoupant diverses sources d’information (conseils de coachs et de RH, sites spécialisés)
Le Resume (le terme de CV existe également mais est plutôt réservé aux métiers de l’enseignement et de la recherche, il s’agit alors d’un document plus long où vous renseignerez vos travaux, vos publications, vos récompenses, etc.) fait 2 pages maximum – pas plus d’1 page si vous avez moins d’une dizaine d’années d’expérience – et n’est clairement pas la traduction en anglais de votre CV français. Il comporte généralement les rubriques suivantes de haut en bas :
- Contact details : prénom, nom, ville, État, code postal, email, numéro de téléphone (américain), profil LinkedIn (en anglais). Et. C’est. Tout. Pas de photo, ni d’âge, ni de statut martial, ni de nombre d’enfants, ni d’adresse complète (rue, numéro). La réglementation anti-discrimination est stricte, même si elle varie légèrement d’un Etat à un autre. Vous m’objecterez qu’un recruteur peut facilement voir votre photo sur LinkedIn et déduire votre âge approximatif d’après l’année de votre diplôme. Oui.
- Votre titre (en rapport avec l’annonce à laquelle vous postulez) : votre rôle, votre fonction
- Votre présentation : texte court (2-3 lignes) qui résume et vend vos principales compétences et réalisations (en rapport avec le poste auquel vous postulez). Mettez quelques mots clés et précisez que vous êtes autorisés à travailler pour n’importe quelle entreprise américaine et n’avez pas besoin d’être sponsorisés (Authorized to work for any US company, no sponsorship required), si c’est le cas bien sûr.
- Votre expérience professionnelle : par ordre anti-chronologique (les expériences qui remontent à plus de 10 ans sont facultatives ou peuvent être résumées en quelques lignes). Ne mentionnez que vos réalisations (achievements), pas vos responsabilités ou tâches, ne manière concise et précise. Chaque achievement commence par un verbe (au présent si c’est votre poste actuel, au prétérit sinon). Mettez autant que possible des chiffres (le budget que vous avez géré, le nombre de personnes que vous avez managé en direct, le chiffre d’affaires que vous avez rapporté, le nombre de nouveaux clients que vous avez apportés etc.). L’Américain ne veut pas savoir ce que vous avez fait mais quelle a été votre valeur ajoutée et il est friand de concret (Be specific!). Le tout, à nouveau, en rapport avec le poste que vous visez. Regardez bien les termes employés dans l’offre d’emploi et utilisez les mêmes termes. A noter, les dates de vos expériences se placent plutôt sur la droite.
- Vos compétences (certains coachs recommandent de mettre cette catégorie avant l’expérience professionnelle) : c’est le pays des mots clés (en rapport avec l’offre d’emploi, désolé si je radote), précis et concis. Les langues peuvent être mises dans une catégorie à part. Si vous avez des certifications pertinentes, n’oubliez surtout pas de les mentionner.
- Éducation : votre diplôme (Bachelor/Master of Art/Science, PhD, etc.), lieu, année. S’il n’a pas été décerné par une école ou université américaine, il est à peu près certain que l’établissement sera inconnu du recruteur. Une ligne d’explication est donc la bienvenue, par exemple, les majeures que vous avez étudiées.
- Community engagement : aux États-Unis, il est très valorisé d’être impliqué d’une manière ou d’une autre dans sa communauté. Donc si vous avez fait du volontariat ou êtes impliqués dans une association, c’est le moment de le mentionner.
Ce n’est pas écrit sur le CV mais, implicitement, un recruteur américain attendra de vous que vous soyez en mesure de lui donner quelques références qu’il pourra contacter pour en savoir plus sur vous et vérifier les informations que vous lui avez indiquées. Cette phase intervient à la fin du processus de recrutement mais anticipez. Contactez vos anciens chefs, clients ou collègues (évidemment, ceux avez qui vous avez de bonnes relations et qui sont prêts à vous recommander) pour leur demander leur accord et ayez sous le coude leurs noms et leurs coordonnées (téléphone, email). 3 noms suffisent généralement.
Un recruteur américain passe en moyenne 6 à 8 secondes sur un CV dont il ne lira que votre titre et votre présentation. Si ces derniers l’interpellent, il lira la suite, sinon, il passera au CV suivant.
Il n’est pas rare pour un Américain d’avoir plusieurs avatars de son CV, chacun orienté vers un type de poste bien particulier.
Dernière chose, ça peut surprendre au pays du design, mais la présentation d‘un resume est très classique et très sobre : pas ou quasiment pas de couleur, une seule colonne, etc. C’est notamment dû au fait que de nombreuses entreprises utilisent un outil d’analyse automatique (ATS : Applicant Tracking System) et que tout format un peu baroque (par exemple, des informations disposées sur plusieurs colonnes, ou bien une information positionnée en en-tête ou en pied de page) risque de ne pas être correctement interprété par l’outil et vous seriez éjecté du processus de recrutement pour une mauvaise raison.
La lettre de motivation (cover letter) présente également quelques particularités. Adressez-vous à votre interlocuteur d’une des manières suivantes : le mieux son prénom et son nom précédés de Dear Mr. / Ms. (homme ou femme), si vous ne connaissez pas ou n’êtes pas sûr de son identité, écrivez Dear Hiring Manager. Éviter « Dear Madam or Sir » et encore plus « To whom it may concern ». La lettre en elle-même se compose de 3-4 courts paragraphes, où les maîtres-mots sont concision, précision (des résultats, des chiffres, si vous pouvez) et mots-clés. Vous y rédigez en quelques lignes pourquoi vous postulez à ce poste, ce que vous pensez apporter au poste et à l’entreprise et pourquoi vous pensez être le meilleur parti pour le poste. Terminez par « Sincerely » suivi de vos prénom et nom.
Le processus de recrutement, après envoi du CV et de la lettre de motivation, est généralement assez long et peut s’étaler sur plusieurs mois. Généralement, un RH fait le premier filtre par téléphone pour connaître votre motivation et la raison pour laquelle vous postulez, vérifier votre expérience et confirmer que l’entreprise n’a pas besoin de vous sponsoriser. Ensuite s’enchaînent divers entretiens en présentiel ou en visioconférence, selon des modalités propres à chaque entreprise. Classiquement, les entretiens commencent par vous demander de vous présenter (« tell me about yourself » ou « walk me through your resume ») puis comportent des questions (behavioral questions) où l’on vous demandera de décrire des situations réelles passées (situations professionnelles uniquement, pas personnelles) où vous avez démontré telle qualité ou telle aptitude (ces questions commencent généralement par « tell me of a time when …. »). Pour la présentation, il ne s’agit pas du tout de la manière dont on raconte ses expériences lors d’un entretien en France en décrivant chacune par le menu. Ici, l’attendu est plus proche d’un elevator pitch. Votre présentation doit être courte (moins de 2 minutes) et aller droit au but : vous avez tel diplôme, telle expérience avec telle réalisation majeure et maintenant vous recherchez ça. Pour préparer et répondre aux questions comportementales, le schéma classique est Situation (le contexte) – Action (votre action personnelle !) – Résultat (positif, bien entendu) et, cerise sur le gâteau, l’enseignement que vous en avez retiré. A chaque fois en 1 à 2 minutes. Tout ceci ne s’improvise pas, surtout quand l’anglais n’est pas notre langue maternelle, donc les maître mots sont la préparation et l’entraînement. Allez sur Glassdoor pour recueillir des exemples de questions posées lors des entretiens par l’entreprise que vous visez, en plus des avis sur l’entreprise vue de l’intérieur.
Enfin, garder en tête que les USA sont le pays du self-marketing et du positivisme. Tout recruteur s’attend à ce que vous soyez hyper enthousiaste et motivé et que vous vous vendiez comme si vous aviez fait ça toute votre vie. Le positivisme à outrance et l’over-excitement peuvent parfois surprendre ou lasser, mais ça change aussi de la tendance assez négative d’une majorité de Français, à grands coups de « de toute façon, ça marchera pas » ou « on n’y arrivera jamais ».
Voici quelques sites que j’ai short-listés pour aider à préparer :
https://www.thebalancecareers.com/
P.S. : Je commence à être à court d’idées pour les articles de conseils aux expats. Si vous avez en tête des sujets que je pourrais évoquer – si j’ai les connaissances pour – n’hésitez pas à les proposer en commentaires.
Un commentaire sur “Conseils aux expats : Travailler aux USA – III”