Tenement Museum

Tenement Museum, 93 Orchard Street

Parmi les nombreux musées que compte la ville de New York, le Tenement Museum est un peu particulier. Réparti sur deux bâtiments dans Orchard Street, à quelques blocs du pont de Williamsburg, dans le quartier de Lower East Side, il nous plonge dans le quotidien des populations immigrées qui vivaient là entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle.

Les modalités de visite sont également spécifiques, car il n’y a que des visites guidées à thèmes. On choisit donc si on veut découvrir le quotidien d’une famille après la crise de 29, ou bien celui des femmes, ou encore des communautés juives du début de siècle, entre autres.

Un tenement est le nom donné à des immeubles d’habitation multi-appartements avec parties communes, datant en particulier de la période forte poussée démographique due à l’afflux d’immigrants. À New-York, un tenement était généralement un immeuble d’habitation bon marché, et donc surpeuplé et peu salubre. Dans celui détenu par le musée, il comportait une grosse vingtaine d’appartements sur six étages, de trois pièces chacun, et où s’entassaient des familles nombreuses. Les lois, au début très laxistes, voire inexistantes, ont peu à peu été renforcées, au fur et à mesure que les autorités prenaient conscience du rôle de ce genre de logement dans la diffusion rapide d’épidémies. Ça rappelle quelque chose ?

D’extérieur, le bâtiment au 93 Orchard Street, construit en 1863, ressemble peu ou prou à ses voisins, si ce n’est l’affiche en noir et blanc représentant la rue dans les premières années du XXe siècle, lorsqu’elle était habitée par une communauté juive originaire d’Europe de l’Est et parlant le yiddish. Dès la porte franchie, on fait un saut dans le temps. Couloir mal éclairé, boiseries qui ne semblent pas avoir bougé depuis les années 30, escalier et plancher qui craquent sous le pas et où l’on avance prudemment par crainte de passer au travers, l’endroit est on ne peut plus dans son jus. Beaucoup d’appartements ont été transformés pour représenter un appartement typique d’une époque particulière, et faisant chacun l’objet d’une visite guidée différente, avec mobilier et objets d’époque. L’entresol abritait à l’époque une boucherie casher, comme à peu près la moitié des édifices de la rue.

Nous avons pour notre part pénétré le quotidien d’une famille juive originaire de Russie qui vivait là au tournant du siècle avec un couple et leurs quatre enfants. Tout ce petit monde rentrait comme il pouvait dans 30 m² (à la louche), dont près de la moitié dévolue à l’atelier de couture de monsieur. Lorsqu’ils y habitaient, il n’y avait pas encore l’eau courante ni de sanitaire privé, et dans les deux cas il fallait descendre dans la cour à l’arrière du bâtiment. À noter que le musée a fait un effort pour personnaliser l’histoire de ses appartements. On ne découvre pas la vie d’une famille type, mais bien celle de M. et Mme X et leurs enfants, avec recensement et réelles photos de famille à l’appui. Le musée a en effet réussi à identifier une majorité des habitants d’alors et pris contact avec leurs descendants pour collecter documents et photos ainsi que des informations sur le devenir de ses familles après qu’ils eurent quitté l’endroit.

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