2 ans à NYC : un premier bilan

Nous avons récemment fêté nos 2 ans à New York. Le temps calendaire a beau défiler impitoyablement, il reste difficile d’y accorder notre temps ressenti, particulièrement pas aidé par la pandémie et les mesures de confinement qui en ont découlées.

L’occasion de regarder ces deux années dans le rétroviseur, et de faire l’exercice assez classique pour un expatrié de lister ce qu’il apprécie ou non dans son pays ou sa ville d’accueil.

Voici donc une liste à la Prévert, sans ordre particulier, qui liste indifféremment choses petites et grandes, voire qui relèvent plus de la culture américaine dans son ensemble que spécifiques à la ville de New York.

Ce qu’on apprécie:

  • Le multi-culturalisme, le melting pot ambiant, encore plus prégnant dans le borough du Queens où nous vivons. Exemple parmi d’autres, nous allons remplacer la pile d’une montre chez un bijoutier sénégalais francophone, dont la boutique est située à côté de mon coiffeur croate, en face de la boulangerie italienne. Et j’ai déjà mentionné le vendeur de meubles grec et le serrurier iranien. Sans  parler de l’omniprésence d’immigrants issus de l’ensemble de l’Amérique latine, qui se chargent de l’essentiel des innombrables tâches mal payées nécessaires au bon fonctionnement de l’économie américaine.
  • Directement en lien avec ce multiculturalisme, on peut changer d’ambiance et de culture pour le prix d’un ticket de métro, simplement en passant d’un quartier à un autre (indien, chinois, etc.).
  • Toujours avec le métro, on peut aller se baigner ou se prélasser sur une vraie plage (Coney Island, Brighton Beach, Rockaways, etc.). Pour les promenades en forêt, au bord de lacs, ou le ski, il suffit de quelques heures de train ou de route dans l’Upstate New York.
  • Les saisons sont bien marquées, de la neige en hiver aux étés étouffants (pour le coup, beaucoup moins agréables, cf. ci-dessous) et, en tout saison, il fait souvent beau, même en hiver. Il n’y a pas ou très rarement plusieurs jours d’affilée de ciel gris ou de pluie, comme il est possible d’en vivre dans la moitié nord de la France.
  • Même si on ne vivons pas quotidiennement au milieu des gratte-ciels, ça fait toujours quelque chose d’apercevoir la skyline au coin de la rue.
  • Le sens du service, même s’il n’est pas perceptible partout. Plus que dans les restaurants, en fait, j’apprécie le niveau de qualité du SAV des fournisseurs d’Internet, d’électricité (utilities), etc. où votre interlocuteur prendra souvent le temps qu’il faudra pour vous apporter une solution et s’assurer qu’elle vous convienne.
  • Nous aimons faire un tour régulièrement dans les thrift shops (boutiques de produits d’occasion), pour y dénicher des livres et autre. L’économie circulaire a du bon !
  • S’il y a bien une ville dans le monde où chacun peut s’habiller n’importe comment dans la rue, sans se prendre de remarques, c’est New York. Une femme voilée y côtoie une autre en bikini, certains sortent faire leurs courses en pyjama et sandales, ou arborent des alliances de couleurs et de formes improbables, etc. Il est donc ici facile de se fondre dans la foule en tant qu’étranger, car on est souvent entouré d’autres étrangers quin parlent toutes les langues possibles imaginables, et ça fait partie du paysage.
  • Le traitement de la Covid a été globalement bon, en tout cas dans l’État de New York. Les premiers mois ont été difficiles, comme ailleurs, mais, grâce au pilotage efficace du gouverneur de l’État, on est assez vite retombé dans un nouveau normal plus supportable qu’en France (pas de confinement au sens strict, un couvre-feu mais suffisamment tard pour que ça ne change rien au quotidien), moyennant quelques contraintes acceptables (typiquement le port du masque systématique). De même la machine de guerre mise en place pour la vaccination force l’admiration. Maintenant, d’ailleurs, les USA ont un problème de surcapacité, il n’y a plus assez de gens qui veulent se faire vacciner au regard des moyens mis en place. C’était nettement visible en début de semaines, lorsque nous avons reçu notre deuxième dose du vaccin.
  • En pharmacie, on reçoit juste le dosage en médicaments nécessaire, ce qui limite le gâchis. Une bonne idée à développer de l’autre côté de l’Atlantique !
  • Le positivisme ambiant, et sa sœur l’empowerment, loin du négativisme dont on a parfois du mal à se défaire en France.
  • Paradoxalement pour un pays de viandards, il est facile – du moins à New York – de trouver des options (bonnes !) sans viande (cf. beyond burger, impossible burger, etc.).

Ce qui nous déplaît:

  • Le gâchis d’énergie et la pollution omniprésents, comme les moteurs qui tournent à l’arrêt (idling engines) partout pendant des heures ; la pratique est officiellement interdite à New York, mais s’il y a bien un règlement qui n’est pas appliqué, c’est celui-là. Autre bon exemple, les clims qui tournent à fond en été, si bien qu’il faut parfois prendre une petite laine avec soi pour prendre le métro ou aller au théâtre ou à Broadway (avant la Covid, bien sûr), ce qui est une aberration totale.
  • L’isolation des maisons, souvent pourrie, y compris pour des immeubles résidentiels récents, autre facteur du gâchis d’énergie et de pollution évoqué juste au-dessus
  • Le règne de l’argent omniprésent. Tout se paie, et généralement cher. Conséquence logique, tout le monde est obnubilé par gagner plus. J’ai déjà parlé de la vie à crédit également.
  • Les cafards. Le premier de l’année nous a fait coucou en milieu de cette semaine, signes des beaux jours qui arrivent, chouette …
  • La piètre qualité de la nourriture en général : les marchés avec des produits frais sourcés localement existent mais sont anecdotiques à l’échelle de la ville et de sa population. Les supermarchés regorgent de produits frais venant le plus souvent du Mexique ou de la Californie (des États de Washington et de l’Idaho pour les pommes de terre) et de produits ultra-transformés et/ou qui viennent du bout du monde (sardines du Maroc ou des Philippines, etc.). Le sucre est omniprésent, y compris dans les produits salés (je déconseille le coleslaw sucré …). La publicité mensongère est autorisée (ex.: le « 100% pur jus » fabriqué à partir de concentré, d’eau et d’additifs) et il faut bien tout regarder avant d’acheter. Les New-Yorkais sont de grands consommateurs de restaurants devant l’Éternel, mais nous avons été rarement bluffés par ce qui était servi, même si nous apprécions quelques restaurants de quartier (mexicain, indien, etc.).
  • La touffeur de l’été, où l’on sue rien qu’en restant assis chez soi, et la clim qui lui est indispensable, y compris parce qu’elle assèche un peu l’air. cf. le gâchis d’énergie et pollution évoqué plus haut.
  • Le volume sonore dans beaucoup de restaurants et magasins. Conséquence logique, tout le monde parle fort pour couvrir la musique et c’est insupportable de devoir hurler pour couvrir à son tour les voisins et partager le bout de gras avec ses commensaux. En l’an 1 avant Covid, je me rappelle d’un bar où je devais tendre l’oreille pour entendre ce que disait la personne assise juste en face de moi. Le plus incroyable, c’est que certains restaurants refusent de baisser le son quand on leur demande, en invoquant des prétextes bidons (« je dois demander au patron », « je ne sais pas faire »). Il y a quelque chose de culturel ici que je n’ai toujours pas saisi.
  • L’absence de communauté et de solidarité, tout se paie au prix fort et de manière individuelle. Vous voulez faire du sport ? Il faut raquer un abonnement mensuel dans une salle de sport où faire le marathon sur un tapis roulant. Vous voulez faire garder votre animal ou votre enfant ? La facture grimpe rapidement, etc. cf. la place de l’argent mentionné ci-dessus.
  • Le coût de la santé. Nous avons la chance d’avoir une bonne assurance santé, mais je ne compte plus les histoires de personnes moins bien couvertes qui doivent renoncer à des soins, alors que les USA ont un montant de dépense de santé par habitant plus du double du reste de l’OCDE. Idem pour les soins aux animaux. On en vient à devoir demander le prix d’un soin et à peser le pour ou le contre, au moment de (se) faire soigner.
  • La culture protestante du « travailler dur » est très profondément ancrée. Celui qui prend quelques jours de congé est un fainéant que l’on peut remplacer. Chacun est également tenu seul responsable seul de ses succès et échecs. Tant mieux pour ceux qui ont fait fortune, mais tant pis pour ceux, bien plus nombreux, qui doivent survivre. Voir aussi la culture du self-marketing, il faut savoir se vendre dans une compétition omniprésente. Le niveau de vie est directement proportionnel à ce qu’on gagne et donc peu ou prou à l’effort à fournir au quotidien, le tout dans une ville chère. cf. à nouveau, la place de l’argent. Les USA sont un pays dur.
  • Tout est privé, il y a peu d’impôts, mais du coup, peu de services publics. Tout le monde est continuellement sollicités pour devenir mécènes (d’un musée, du parc ou de la bibliothèque de quartier, de la radio qu’on écoute, etc.).
  • L’excès de positivisme, qui fait que parfois on ne peut pas parler de certains problèmes ou des limites de certaines solutions, car on est aussitôt taxés de personnes négatives.

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