Le maître mot pour trouver un emploi aux USA est « réseauter ». Selon les avis, la proportion de boulots trouvés via son réseau aux USA va de 70% à 85%, tandis que le nombre moyen de candidatures à une offre d’emplois est apparemment de 118, dont environ 20% seraient convoqués à une interview. Autant dire qu’en postulant classiquement à une offre d’emploi, surtout en tant qu’étranger, on a peu de chance d’être dans le haut du panier. D’où l’importance de se construire un réseau local au plus tôt, et pas uniquement avec des expatriés et des compatriotes, même si c’est plus simple de commencer par ces derniers. C’est le moment de réactiver les anciens élèves de votre école, de demander à vos collègues et amis s’ils ne connaîtraient pas quelqu’un dans votre ville ou région de destination, de vous inscrire à des associations locales, à des clubs de networking, etc. Pour se faire des contacts américains une fois sur place, selon vos possibilités et envies, nouez contact avec vos voisins, inscrivez-vous à un club de sport et de préférence un sport collectif, ayez des enfants et faites connaissance avec d’autres parents (bon, ne faites pas des enfants uniquement pour cette raison …), et portez-vous volontaire dans une association, pratique très courante et très bien vue aux États-Unis. Ayez sur vous des cartes de visite, même minimalistes avec juste votre nom et vos coordonnées, pour les distribuer dès que vous aurez l’occasion de réseauter. Staples (l’équivalent d’Office Dépôt) en propose à partir de $10 le paquet de 250 cartes.
Évidemment, en prérequis à tout cela et pour que ce soit efficace, il vous faut avoir une idée bien précise de ce que vous cherchez et avoir répété au préalable un court pitch (environ une minute max) qui synthétise votre parcours, votre domaine, vos compétences et ce que vous recherchez. Parfois plus facile à dire qu’à faire, je parle d’expérience …
Les États-Unis sont le pays du self-marketing, les enfants apprennent très tôt à l’école à s’exprimer à l’oral et à valoriser ce qu’ils font, et ça se voit. J’ai eu l’occasion de participer à un groupe de networking en début d’année et j’ai été bluffé par la qualité des pitchs. Quels que soient le secteur et la profession, chacun arrivait à les vendre comme si c’était de l’or, avec l’aisance et l’efficacité qui témoignaient d’une longue pratique.
Les offres d’emploi ont un vocabulaire bien à elle, où le superlatif est roi, si bien qu’on a parfois l’impression que les entreprises recherchent le nec plus ultra du mouton à six pattes. Vos compétences en communication doivent ainsi être au pire « superior« , parfois « awesome » et au mieux « stellar« , vos talents d’organisation ne peuvent se satisfaire de moins que « outstanding« . Quant aux « hard-worker« , « self-motivated« , « fast learner« , « highly collaborative« , « solution-oriented » et autres « flexible mindset« , ils font partie du bagage minimum que l’on attendra de vous. À noter aussi des expressions imagées qui proviennent du milieu du sport, et souvent du baseball, comme « touch the ground running » (vous devez être immédiatement opérationnels) ou « off the bat » (immédiatement). Pour décoder les abréviations habituelles, sachez qu’un BA est un Bachelor of Arts et un BS un Bachelor of Science, soit l’équivalent d’une licence, de même pour MA et MS en remplaçant Bachelor par Master ; un PhD est un doctorat. Les dernières lignes d’une offre sont importantes, car c’est généralement là que l’entreprise précise le « package » qu’elle vous propose, soit évidemment un « competitive salary » (mais ils ne donnent pas de chiffre donc vous êtes censés les croire sur parole …), généralement une couverture maladie, encore meilleurs si les soins pour les yeux et les dents sont explicitement cités, un certain nombre de PTO (Paid Time Off, autrement dit des congés) plus ou moins nombreux, flexibles et soumis à conditions, des opportunités de formation « fantastic » et, souvent, un « 401(k) program« , soit un système d’épargne-retraite par capitalisation, du nom de la section du code fiscal qui le décrit. Certaines entreprises mettent en avant le soin particulier qu’elles portent à leurs salariés et décrivent explicitement qu’elles prévoient un congé maternité, plusieurs semaines de congé, des absences maladies, etc. Sachant que ce « package » est prévu pour vous allécher, les employeurs ne manquent pas de souligner tout ce qu’ils proposent, donc quand l’annonce ne mentionne pas ou peu cet aspect c’est a priori mauvais signe et renseigne en tout cas sur certaines valeurs de l’entreprise. D’autres précisent d’emblée que leur offre n’est pas pour ceux qui recherchent un « 9 to 5 » (comprendre un boulot où vous arrivez à 9h du matin et repartez à 5h de l’après-midi, sous-entendu un boulot peinard), mais que leurs commissions et primes ne sont pas plafonnées. Tout dépend de ce que l’on recherche. Dernière chose, bien regarder où se situe le poste décrit dans l’annonce. Le pays est vaste et les entreprises sont plutôt dispersées sur le territoire. Venant d’un pays ultra-centralisé, au point qu’il est parfois difficile de trouver un travail dans certains secteurs en-dehors de la région parisienne, j’ai mis un peu de temps à prendre le pli de regarder soigneusement où se situaient exactement les bureaux d’une entreprise, pour parfois m’apercevoir qu’entre deux entreprises similaires, l’une était en réalité basée à l’autre bout du pays. De même, derrière le « Greater New York Area » se cache parfois une ville du New Jersey, du Connecticut ou de l’Upstate New York, non desservie par le métro ou le train, et à au moins une heure en voiture – si on a une voiture.
Enfin, surtout pour ceux qui suivent leurs conjoints chez l’Oncle Sam, vérifiez de quelle manière votre profession est facilement transposable de l’autre côté de l’Atlantique. Tous les diplômes ne sont pas reconnus, je pense notamment aux métiers du domaine médical et du domaine juridique. Pour d’autres, il faudra repasser une certification pour pouvoir exercer, en plus de connaître les équivalents américains des notions et des normes propres à votre domaine d’activité, comme pour les comptables (au passage, un expert-comptable s’appelle ici un CPA, Certified Public Accountant) ou les enseignants.
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