La règle de base pour comprendre comment fonctionne la santé aux États-Unis est de se rappeler qu’il s’agit ici d’un business comme un autre. Vous avez donc d’un côté des docteurs titulaires d’un diplôme obtenu après de longues (et coûteuses) études et qui entendent bien en vivre – et, tant qu’à faire, en vivre bien – en plus de rembourser leur prêt étudiant, le loyer de leur cabinet et leur matériel. Les prestations de médecine, que ce soit en cabinet ou en hôpital, sont donc chères et en proportion de l’emplacement dudit cabinet ou hôpital et de l’expertise du médecin. La moindre consultation est donc en général facturée en centaines de dollars. De l’autre côté, d’innombrables sociétés proposent toute une palette de prestations d’assurances santé pour couvrir en partie ces dépenses, au prix d’une mensualité directement fonction de la qualité de la couverture et de la capacité de négociation de l’entreprise qui vous emploie. Là également, aucune philanthropie dans l’air, une bonne couverture coûte plusieurs centaines de dollars par mois à votre entreprise (ou à vous-mêmes si vous êtes indépendants ou sans emploi). Malgré tout, même une bonne couverture santé ne couvre pas entièrement les frais de santé et vous devrez payer un reste à charge (co-pay) à votre médecin ou établissement de santé. Généralement, il y a plusieurs co-pay, typiquement un pour le médecin généraliste, un pour le spécialiste, un pour la pharmacie et un pour les urgences (ER : Emergency Room). Dans tous les cas, vous devrez régler quelques dizaines de dollars (chiffre à prendre avec des pincettes, car probablement très variable en fonction de l’assurance). En fait, lorsque vous entrez dans un cabinet ou dans une clinique, la première question qu’on vous pose est « quelle est votre assurance ? » Tous les établissements, pharmacies y compris, n’acceptent pas toutes les assurances, et l’établissement ne vous acceptera que si votre assurance est compatible, ou si vous signez un papier attestant que vous n’avez pas de couverture de santé et vous engagez à régler tous les frais de votre poche (typiquement le cas si vous êtes étranger hors résident et ne disposez donc pas d’une couverture santé américaine). Surprenamment, dans ce dernier cas, les frais de santé s’avèrent d’ailleurs moins chers.
La qualité des soins est globalement excellente. Le personnel est pléthorique comparé à la France, ce qui explique également en partie le prix des soins. Les agents d’accueil et autres aides médicaux sont la norme, le médecin n’intervenant que pour le diagnostic et l’énoncé du soin à apporter, donc là où sa valeur ajoutée est maximale. Toutes les autres tâches (accueil, dossier médical, prise du pouls, radio, nettoyage, etc.) sont confiées aux petites mains, par ailleurs également tout à fait qualifiées. Les cabinets, et a fortiori les établissements plus importants, sont souvent équipés pour effectuer des radios et autres analyses, ce qui évite de multiplier les rendez-vous et déplacements. Les radios sont numérisées – le dentiste a halluciné lorsque ma femme lui a présenté une radio française – de même que la télé-transmission entre le médecin et la pharmacie qui préparera votre remède. Nous ne sommes pas allés nous faire soigner très souvent depuis notre arrivée – tant mieux – mais nous apprécions les cliniques de quartier CityMD présentes un peu partout à New York. Ils offrent une large palette de choix, ont des horaires très larges, prendre rendez-vous n’y est pas nécessaire (walk in welcome) et ils disposent sur place d’à peu près tout ce qu’il faut (radiologie, etc.).
Au vu du prix des soins, de nombreuses entreprises proposent à leurs salariés une assurance (souvent avec des complémentaires pour les yeux et les dents qui sont toujours séparés de la couverture « médicale ») dans leur package, en plus du salaire lui-même. Cet avantage est dûment affiché dès l’offre d’emploi. La qualité de cette assurance varie d’une entreprise à l’autre et est régulièrement commentée par les salariés. Corollaire, dès qu’un salarié démissionne ou est licencié, il perd cette couverture santé et doit en trouver une autre (s’il en a les moyens). De même, les indépendants doivent s’assurer par leurs propres moyens et ne pas oublier de prendre en compte ce coût dans leur business model. Il paraît que certains jeunes, notamment des indépendants, parient sur leur jeunesse et leur bonne santé, et choisissent de faire des économies en se passant de couverture santé. Il ne faut juste pas se casser une jambe (ou quoi que ce soit d’autre), ou avoir de l’épargne si ça arrive.
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