La pub est un autre élément culturel avec ses particularités propres à chaque pays. En Allemagne, il n’y a qu’une seule pub par film mais on a le temps de prendre une douche et un repas pendant que les spots s’enchaînent presque à l’infini. Inversement, aux États-Unis, les coupures pub sont très fréquentes et déboulent sans crier gare. La moindre émission, le moindre épisode ou film est émaillé d’incessants spots publicitaires qui matraquent le téléspectateur simplement venu se détendre devant la télé.
Il y a bien sûr les pubs assez classiques et de circonstances en fonction de la saison (celles pour le barbecue …) et des moments clés de l’année (étrangement, les pubs pour l’outillage et le matériel de jardin ont fleuri dans les jours qui ont précédé la Fête des Pères) et les incontournables sur les voitures. Plus typiques et plus déroutantes sont celles ayant trait aux assurances et à la santé. Les premières sont très nombreuses et chacune rivalise pour mettre en scène des individus en prise avec un accident de la vie quotidienne – en faisant d’ailleurs bien attention à ce qu’il y ait au moins une femme et un Noir pour que le maximum de téléspectateurs se sentent concernés – et en expliquant comment elle propose évidemment la couverture la plus appropriée pour le prix le plus doux, sourire refait et dents blanchies à l’appui. Cela permet de se rappeler que les Américains sont globalement mal assurés – il est par exemple ici courant de ne pas assurer sa maison ou uniquement en partie – et que les assureurs sont des gens inventifs. Témoin par exemple, cette assurance proposant de continuer ou d’étendre la garantie de l’électro-ménager et autres appareils domestiques, avec intervention d’un technicien en cas de panne.
La palme revient malgré tout aux pubs sur la santé, juste reflet de la complète privatisation de ce secteur. De très longs spots vantent tel médicament novateur, en mettant l’accent sur sa plus grande efficacité que les produits concurrents, explicitement nommés (pratique légale aux États-Unis), et nous content de belles histoires sur telle personne qui goûte à nouveau les joies de la vie après un traitement qui paraît aussi simple à prendre qu’une pastille à la menthe. La suite du spot n’en est que plus brutale : par écrit ou à l’oral s’ensuit une litanie de tous les effets secondaires indésirables, de toutes les contre-indications – et elles sont généralement nombreuses – et autres précautions avant d’enjoindre de consulter son médecin. Last but not least, des spots vous proposent sur un ton presque comique de faire votre test ADN afin de vous permettre de connaître vos éventuelles prédispositions, témoignages à l’appui d’Américains moyens qui disent savoir à présent qu’ils peuvent être sujets au diabète ou à Alzheimer. Quand on voit les infinies précautions déployées à ce sujet en Europe, où l’on insiste par exemple sur le fait que ce n’est pas aussi simple et que la génétique ne fait pas tout (ex.: l’épigénétique), la légèreté avec laquelle ce sujet est ici abordé laisse pantois.
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